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8 janvier 2008

Gnose, Naissance du mythe - 2e partie

Début du texte: Ici

 

Ce qui a d’abord frappé les lecteurs ultérieurs, comme les contemporains des gnostiques, c’est que tout ce que vénère l’Antiquité : le Cosmos, le Dieu Créateur, les Astres, sont dans la Gnose autant de visages du Mal. L’Univers y est le Royaume du Mal, créé par un Dieu mauvais, ignorant ou trompeur. Le Dieu des gnostiques est au-delà de tout réel : c’est l’Un, la Vie, Le Père, La Lumière, l’Homme. Une part de lui-même, par des péripéties diverses, est tombée et a été enfermée dans le monde créé par le Mal, le Créateur. C’est le salut de l’Un, autant que du gnostique que la Gnose se propose d’opérer. Et ce terme de Gnose, de connaissance salvatrice tient à la conviction que ce salut est avant tout affaire de conscience : conscience de soi, de l’Origine et des Fins.

 

Ce qui a aussi marqué lecteurs modernes et anciens, c’est la richesse imaginative et émotionnelle de nombreux textes gnostiques. Si, pour appréhender la pensée gnostique, on tentera de raconter un mythe des origines composé des traits communs à la plupart des textes gnostiques, il a existé en fait une prolifération de mythes gnostiques des plus variés. « Ils créent un nouveau mythe chaque jour » ironisera l’un de leurs adversaires, Irénée.

 

Ce refus radical des réalités et des croyances anciennes donne à la Gnose une tonalité de révolte radicale qui, liée à son inventivité mythique, explique l’intérêt que l’on peut lui porter du point de vue de l’imagination créatrice.

 

Pourtant, à lire certains de ces textes aujourd’hui, on pourrait tout aussi bien évoquer les croyances de certaines sectes contemporaines, quelques-unes d’entre elles se réclamant d’ailleurs de la Gnose. Certes, il s’agit là d’une référence toute littérale. Mais rien n’indique que de telles croyances, qui calque une attitude fidéiste de caractère religieux sur un corpus mythologique susceptible de bien des lectures n’aient pas été aussi celles de certains des groupes dits gnostiques de l’Antiquité. Le caractère apparemment délirant de certains des textes inclinerait dans ce sens. Et il est difficile de distinguer, lorsque l’analyse découvre sous l’apparent désordre une cohérence nouvelle, ce qui est du à l’interprétation de ce qui y était réellement aux yeux des gnostiques.

 

D’un autre côté, le refus radical de la réalité s’exprime souvent par un rejet de la matière, de la chair, du désir, ouvrant sur une morale ascétique qui rappelle les liens ambigus de la Gnose et du christianisme, selon que l’on voit en elle, selon la version classique, romaine, une déviation de la pensée originelle « authentique » du christianisme, une hérésie chrétienne malsaine, sans originalité produite par une interprétation fausse de l’Evangile, ou qu’au contraire, comme certains auteurs anciens ou modernes se réclamant de la Gnose, on croit y voir le vrai visage du premier christianisme, l’ancêtre révoqué parce que trop encombrant pour les visées politiques de prêtres ambitieux.

 

Suite à l’image inversée qu’elle donne des valeurs inscrites dans l’Ancien Testament, Satan, le serpent et Caïn étant présenté comme des envoyés de l’Un, du vrai Dieu, le Créateur et les anges, comme des visages du Mal, certains croient voir dans la Gnose une réaction de prêtres des anciennes croyances, entre autres égyptiennes contre la foi juive, puis chrétienne.

 

Alors, la Gnose, une pensée créatrice, des sectes hallucinées, une religion en devenir, une réaction de défense contre des croyances étrangères? Tout cela sans doute. Car ce que désigne le terme de Gnose, c’est un ensemble disparate de textes, souvent fragmentaires ou tardifs, témoins d’une diversité infinie de groupes et de croyances, ayant connu au cours des siècles où croît puis disparaît la Gnose, des évolutions en sens divers, ayant subi des influences extérieures, ou ayant influencé le cours d’autres pensées. Les traits communs qu’ils partagent ne permettent pas de trancher. Cela dépend entre autres du sens que les Gnostiques accordaient à ces textes, comme de la manière dont ils vivaient leurs idées. Or cela, pour l’essentiel, nous échappe.

 

Il s’agit donc moins de prétendre décrire ce qu’a été la Gnose, que ce qu’elle a pu être et ce sur quoi elle peut ouvrir. Car avec elle quelque chose de nouveau apparaît dans l’histoire des pensées humaines, qui porte le germe de développements ultérieurs, parfois contradictoires.

(3e partie)

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