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19 mars 2009

Gnose, naissance du mythe - 5

La publication interrompue de l'étude sur le mythe gnostique reprend ici avec la parution des 3 derniers articles

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Premier article

2e version :  La révolte contre le Mal

L’ordre dans lequel vient d’être exposé le mythe gnostique, en commençant par l’Origine, l’Un, continuant par la description du monde créé et se terminant par le retour est le plus naturel et le plus logique. Mais dès lors que l’on se pose la question de savoir comment une telle conception des origines, de la condition humaine et du salut a pu naître, la réponse est moins évidente.

 

On peut s’en tenir à l’ordre déjà donné, mettant ainsi l’accent sur l’aspect métaphysique de la Gnose. Le regard que les gnostiques pose sur la condition humaine et sur les modes de salut dépendrait de leurs spéculations sur l’origine du monde. On insiste là sur la dimension métaphysique, philosophique de la Gnose.

 

On peut aussi l’appréhender à partir de deux autres moments, l’expérience du salut, du retour, et  la prise de conscience de la condition humaine. Nous reviendrons plus loin sur le premier de ces deux points de vue. Mais si l’on commence par la prise de conscience ? Remarquons que, pour nombre d’auteurs, la Gnose apparaît avant tout comme une tentative d’explication du Mal. A leurs yeux, c’est le sentiment aigu du Mal dans le monde qui est à l’origine de la vision gnostique du monde et de ses modes de salut.

 

On l’a dit, une bonne part des textes gnostiques décrivent les sentiments qui étreignent le gnostique prenant conscience de sa condition. Et décrivent les caractères de cette condition. Laissant d’abord de côté la béatitude et l’émotion ressentie dans l’illumination, car celle-ci ne découle pas de la condition de l’être, mais de la rencontre du divin, de l’envoyé. Ce qui domine alors, c’est le sentiment de la souffrance, de l’angoisse, de la nostalgie.

 

Le gnostique se sent seul, isolé, séparé de lui-même, aveugle. Il est perdu dans la multiplicité des formes et des êtres, déchiré par ses passions et ses désirs, enfermé dans les limites de son être. Il se sent séparé ou mélangé. Le gnostique est l’exilé, l’Etranger loin de sa patrie. Dans les récits mandéens, les questions du Gnostiques à l’Envoyé sont celles d’un homme à l’étranger qui rencontre quelqu’un de son pays. Ce qui l’étreint à l’instant où, par l’éveil, il se rappelle d’où il vient, est l’angoisse d’une solitude métaphysique, produit de la séparation.

 

Il crie, il appelle. Ce cri, c’est à la fois un appel au secours et un « pourquoi ? ». De l’appel naîtra le salut, du pourquoi le mythe des origines.

 

Pour qu’il cherche dans les profondeurs de son cris l’écho  des Causes Ultimes,  il a fallu que le Gnostique ne puisse se satisfaire des solutions proposées par les croyances existantes : se sentant innocent et victime, il a refusé la culpabilité du pêché, dont le judaïsme et peu à peu le christianisme se sont fait les plus nets représentants;  ressentant en lui le chaos,  et refusant de se résigner, il a refusé la vision de l’éternité cosmique des grecs, et le déterminisme astrologique des Mages babyloniens. Ne se sentant pas le jouet du combat entre le Mal et le Bien, mais sentant qu’il refuse le Mal et aspire au bien, il n’a pu se satisfaire du dualisme radical du mazdéisme, d’autant que celui-ci repose sur une conception du bon Dieu fort et combattant, alors que le Gnostique se sent faible et démuni, armé de sa seule conscience.

 

Ainsi, ce n’est pas seulement de la conscience du « Mal », du drame de la condition humaine que peut être sorti la Gnose, mais du sentiment d’une dualité interne, d’un déchirement entre le Bien et le Mal. L’énoncé gnostique de la Chute : de la lumière à l’opacité, de l’harmonie à la division, du spontané au volontaire, de la patrie à l’exil, de l’uni à la séparation, etc. décrit d’un même trait le Bien et le Mal par la tension entre ces deux termes de la condition humaine telle qu’elle a pu être ressentie par le gnostique, mais en même temps rend le visage du Bien présent par la nostalgie et invite par celle-ci, comme par la révolte, le désir du retour, à revenir.  Mais ce que la tension du récit souligne aussi, c’est que l’homme est arrivé au terme du Mal : il ne peut aller plus loin, le temps du retour est venu. Alors survient le Messager.

 

(à suivre: Le mythe gnostique - 6)

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