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13 juillet 2009

Julien Gracq - Entretiens autour du Roi Pêcheur


"Je suis toujours gêné par la tendance de l'époque à la symbolisation. Au Moyen-Âge, il y avait beaucoup plus ce sens du concret, qui est par certains côtés ridicule, parodique; la relique, par exemple, est une chose qu'on touche, qu'on cherche, qu'on achète. C'est ce que le surréalisme a retrouvé d'une certaine manière parce que - c'est pourquoi il m'intéressait beaucoup- il ne se contentait pas de satisfactions symboliques, il cherchait le lieu et la formule, quelque chose qui pouvait changer la vie, mais réellement. Il ne cherchait pas de substituts."
[...]
"Contrairement à ce qui se passe pour le Graal christianisé, le Roi Pêcheur traduit une vision pessimiste. La pièce se termine par un constat d'échec. J'étais même assez surpris que Breton ait aimé beaucoup cette pièce, le Roi Pêcheur, comme il me l'a dit souvent, comme il me l'a écrit, dans des termes d'approbation complète, car elle était plutôt contraire aux espérances surréalistes dans la mesure où elle se termine par un constat d'impossibilité à atteindre ce point sublime..."

Extraits de l'entretien avec Jean Roudaut, autour du "Roi Pêcheur",
in "Entretiens", chez José Corti.

Dans l'apparente tension du surréalisme entre l'art, ou la littérature, et la volonté de changer la vie, Julien Gracq représente incontestablement une figure-frontière, le pôle littéraire. Il lui en fut fait reproche, entre autres à propos de son remarquable essai, "André Breton", où il n'aborde celui-ci que comme "écrivain", s'attardant en apparence plus au style qu'aux idées.

A l'autre extrémité du surréalisme, il y a ces jeunes gens qui n'ont laissé que quelques traces, flamboyantes, mais dédaigneuses de toute réussite littéraire, misant tout sur l'exaltation des faits poétiques: Vaché, Rigaut, Rodanski, Tarnaud, et quelques autres, qui à certains égards font
écho au silence rimbaldien.

Pourtant... c'est justement Gracq qui donne aux textes et à l'attitude de Rodanski l'un des plus beaux éclairages dans sa préface à l'édition, chez Di Dio, de "
La victoire à l'ombre des ailes" et du "Lancelo et la Chimère". C'est lui encore qui réagit avec enthousiasme à la publication, toujours au "Soleil noir" de la "Forme réfléchie" de Tarnaud. Sa dernière lettre, montre qu'il a gardé pour cette génération qui "réanimait le surréalisme", une sympathie constante.

L'erreur serait de vouloir simplifier cet apparent paradoxe, alors que c'est précisément dans cette dimension paradoxale de l'écho ressenti, entre les deux pôles que se trouve l'essentiel. De l'un à l'autre, le fil ténu du Graal.





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