Surréalismes 8
Par l’attraction réciproque entre les divers pans de son activité et de ses explorations, qui en modifiaient les contours et les trajectoires, le surréalisme a atteint une cohérence éclatée, placée sur le signe de la quête. Chaque noyau de sa présence peut ainsi s’appréhender comme épisode d’un récit mythique, sans se figer dans la linéarité finaliste des prédécesseurs. Le surgissement automatique, le hasard comme brèche au ciel par où survient l’Etranger, le souvenir (re)créé de l’unité originelle, la révolte contre le monde actuel, trompeur et geôlier, le dévêtement de ses formes par l’écart absolu, la quête du merveilleux poétique, de l’amour comme chemin de retour vers l’unité entr’aperçue, la rencontre du double, manteau de lumière au seuil de la renaissance.
Le surréalisme, dès l’aube, s’est reconnu des ancêtres. Variant dans son attitude face aux territoires déjà eux-mêmes hétéroclites de ce qui se donne aujourd’hui pour ésotérisme, le surréalisme, ou, au moins Breton, a pu néanmoins y reconnaître des échos essentiels de ses propres chemins, et se demander s’il n’était pas le dernier avatar d’une lignée légendaire.
(à suivre)