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12 avril 2015

Les échos antérieurs : chapitre I, 2

Suffit pas de prendre la route pour partir. Je crois m'arracher à mes rêveries? Bad luck. Elles m'accompagnent, bien calées dans mes entrailles, prêtes à être vomies sur l'asphalte.

Je pars pour voyager ou être ailleurs? Être ailleurs surtout, et de là, partir. Où? Caen? Devos, ta gueule!

Aller le plus loin possible vers le sud, vers Biarritz, pour trouver un hôtel en bord de mer. Donc, Caen. C'est pas le bord de mer, faudra marcher, très bien. Voyager, vraiment voyager, cela se fait à pied. Là, dans le train, je me déplace.

Pas de nana potable à aborder pour passer le temps. De toutes façons, faut que j'avance. La plongée intime, c'est pour plus tard.  Enfin, je me vante, les coups en vitesse, ça n'a jamais été mon truc. Hélène. Quel con quand même. La clé sous le paillasson, elle nue dans le lit, la rencontrer ainsi, pour la première fois, dans la pénombre. Peter avait servi d'intermédiaire, elle travaillait dans la société où il avait placé un programme de création de jeu. Kasing? Peu importe. On craignait tous les deux de décevoir l'autre: elle, pas assez bandante, moi ne bandant pas assez. On s'est déçu tous les deux. Qu'est-ce qu'elle devenue, Hélène? Gare de Rouen, terminus. Le train pour Caen, c'est dans deux heures. Ça y est, je commence déjà à m'emmerder. Le sac sur le dos, je visite Rouen. Pas de plan, mais une idée approximative de la direction de la vieille ville. Une fille qui me dépasse, je la suis, bonne direction. Elle entre dans un magasin de vêtements, Xoos. Je m'assied en face, bar de la Crosse. Pas pour l'attendre ou l'épier, non. Son rôle était terminé. Moi, je devais écrire, prendre des notes.

Plus de cinq heures depuis le départ, et rien ne s'est encore passé. J'attends quoi, au fait? Certains voyagent avec leur maison sur le dos, moi c'est ma coquille. Une coquille qui sue, mais une coquille quand même. Je voulais d'abord les grands espaces. D'où le Pays Basque comme première destination. Puis, ayant abandonné la bagnole pour le train, j'abandonnais les espaces pour les villes. Et là, je me demandais si ce ne serait pas seulement un voyage de gare en gare. Lille-Flandres - Rouen Rive droite. Lille s'augmente des Flandres, Rouen s'ampute d'une rive. Quant  aux villes, toutes pareilles, un vrai tue-voyage. Les maisons à colombages de Rouen abritent des commerces aux vitres larges, aux étalages clinquants et froids. Toutes pareilles. Ça devient difficile de voyager. Il reste des marqueurs locaux: accent, cuisine, typographie. Rien d'enivrant.

Dans la rue, à la terrasse du bar de la Crosse, puis sur un banc de la rue Socrate, j'observe. Des ombres, des pierres, des corps, des visages, et si j'étais caricaturiste, des silhouettes à croquer. Je n'ai pas la main gourmande.

Dans le train, je dors.  Caen. Pas vu de plan. Tant pis, suffit de suivre la première rivière, le premier fleuve, et j'arriverai à la mer. Ce sera l'Orne. Mauvaise pioche. Je prends la rive droite, qui longe une grande route et privilégie les cyclistes. Presque personne ne marche par ici. Après deux heures, le ciel se couvre. Je fais du stop. Rue de l'Orne, il ne passe presque personne. La deuxième voiture s'arrête. Un homme de mon âge, plus petit, plus mince, méditerranéen. Un hôtel? Rien avant Cabourg, moi je vais à Colombelles. Il m'arrête avenue Léon Blum. Le patron du bar Le Central m'indique un hôtel, à deux cent mètres, par l'avenue de la liberté. L'avenue de la liberté m'amène au bar-restaurant Le Lazzaro. Plus motel qu'hôtel, à l'arrière. Une porte qui donne dans un couloir, où donnent toutes les chambres. il est tôt, je suis épuisé. Je m'installe. après avoir sommairement rangé mes affaires, je lève les volets. La fenètre donne sur un mur, à un mètre. Le sol est trempé. Gentil, le ciel. Il a attendu que je sois à sec pour se soulager. Enfin, à sec. Mon t-shirt est tellement collé à ma peau que je crains de le déchirer ou de me froisser un muscle en l'enlevant. Une bonne douche, au lit, télé. Je laisse la porte entr'ouverte, des fois qu'une cliente se tromperait. Ouais, enfin, c'est sans doute uniquement des mecs qu'il y a. Le lieu, le style: un hôtel pour VRP. Pour commerciaux. Dans ce cas, y doit y avoir des professionnelles. Sauf que le patron, au bar a dit qu'il venait de rouvrir. Et puis on est vraiment loin de tout, ici. J'ai intérêt à me lever tôt. Sûrement encore deux heures de marche avant d'atteindre la mer. Vaut mieux les faire avant que le soleil ne mes les darde de ses rayons d'argent! Bon, y a quoi à la téloche? "Meurtre parfait", avec Michael Douglas, Gwyneth Paltrow, Viggo Mortensen. Je ne m'aperçois pas toute de suite que c'est un remake d'Hitchkock. Ça devrait le faire.

Avant de m'endormir, je pense à tous ces compagnons de rêveries, ces personnages inventés ou pas dont je me racontais l'histoire des heures durant, des vies nourries par mes interminables recherches historiques, des échappées belle qui me sauvaient du monde, mais me clouait dans ma coquille. Vivelles, ses philosophes nomades, ses amis, ses femmes, ses voyages. Elle a peut-être poussé jusqu'ici, la compagnie Nantes-Bretagne, en août 1788. Allez, silence vous tous, j'ai plus besoin de vous, là. Faut que je dorme.

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