Surréalismes 2
Né dans les cercles littéraires et artistiques à l’instant où le regard s’y détourne du réel pour proclamer l’autonomie de la création artistique vis-à-vis de tout critère extérieur, et se retourner sur ses moyens mêmes, traits, couleurs et émotions, de mettre sur le devant de la scène l’acte créateur jusqu’alors voilé par ses créations même, le surréalisme s’est d’emblée placé à la pointe la plus consciente de cette liberté naissante de l’imaginaire.
Dans le même temps, la psychanalyse jetait une nouvelle lumière sur la vie obscure de l’esprit, et sur ses voies d’accès au réel. Pour le surréalisme, cela fut l’invitation à porter le fer rouge de la conscience imaginaire jusqu’à ses plus profondes sources et de réévaluer par là les chances dont l’homme dispose pour s’emparer des clés de son destin.
Ainsi engendré par cette conjonction de la création et de la connaissance, le surréalisme s’est déployé en conscience créatrice, non sans écueils. En se lançant à corps perdu dans les chemins de l’imaginaire, le surréalisme invitait l’être à s’affranchir des liens de sa condition actuelle.
(à suivre)