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14 janvier 2008

Gnose, Naissance du mythe - 3e partie

 

Début du texte: Ici


Chapitre II: Un mythe gnostique 

On peut, grossièrement, dessiner un « mythe » possible de la Gnose, qui réunisse la thématique majeure de celle-ci. Si une telle présentation permet de mettre en valeur la structure interne de la spéculation gnostique, il ne faut pas perdre de vue son caractère composite. L’ensemble gnostique ne peut sans erreur être réduit à un « type », à un mythe central.

On peut le raconter de 3 manières, selon 3 points de vue ne différant que par leur commencement, mais racontant la même histoire, pour mettre en évidence trois interprétations possibles du sens de la Gnose.

1re version : Le mythe des Origines 

La première partie de tout mythe gnostique consiste à raconter, et par là à expliquer comment de l’Unité primordiale est venue la division, la séparation, la multiplicité. Elle rejoint là clairement les préoccupations du temps, en particulier grecques, qui trouvera son achèvement dans les doctrines néoplatoniciennes des premiers siècles. De cette même difficulté à expliquer le multiple comme sorti de l’Un, on peut trouver témoignage jusque dans les textes taoïstes à peu près contemporains.

Partout, il s’agit d’expliquer comment on passe de l’indifférencié aux formes, de l’éternité au temps, comment l’être a pu quitter son paradis, le règne de l’unité, pour entrer dans la division, le désordre et la souffrance, la solitude.

La première partie de cette chute progressive s’inscrit au sein de l’Unité primordiale, là où, à partir de l’Un, émanent diverses hypostases, diverses manifestations de la divinité, divers engendrements. Le multiple, là, ne s’oppose pas à l’Un, il est sa descendance.

C’est dans ces récits des émanations primordiales, antérieures à la chute, que les textes gnostiques mêlent le plus étroitement une structure philosophique, abstraite (ce principe de l’émanation, de la différenciation progressive de l’Un) à un récit composé de personnages et d’événements qui peuvent parfois en masquer la structure ou paraître au contraire à peine calqué sur celle-ci.

Au cœur de cette Unité du « plérôme », de la Totalité originelle qui se déploie d’abord sans cause ni volonté au travers de figures divines inscrites dans la totalité première, va se produire un hiatus, une faute au cœur du divin. L’une des figures inférieures du plérôme, par prétention, erreur, désir, provoque comme une émanation hors de propos. Cette figure est dans plusieurs récits Sophia, la sagesse des Grecs, qui devient là la source de l’Erreur.

Cette émanation erronée prend la forme d’un être imparfait, aussitôt expulsé du plérôme, un sorte d’avorton, une tache d’ombre sur la lumière absolue des commencements, une tache qui constitue la première ébauche de la création.

A partir de là, on voit se former une dramaturgie répétitive et progressive, qui va mener du plérôme au monde créé. Une chute par paliers successifs où s’affrontent le Bien, représenté par diverses figures de l’envoyé de l’Un, qui tente de réinstaurer l’unité première brisée par la naissance de l’avorton, et le Mal, produit ou cause de la chute. Symptomatiquement, ces envoyés de l’Un portent souvent les noms des réprouvés des croyances dominantes: le Serpent, Caïn, Prométhée, Adam.

Dès l’origine, ou à un degré donné de la Chute, l’ombre, le Mal devient un principe actif. Ignorant ou cachant l’origine « réelle » du Monde, il s’affirme comme étant le seul Dieu au regard des émanations, des paliers qui lui ont succédé. Il apparaît ainsi comme un voile entre les créatures et l’Unité première. Les gnostiques lui donne le nom du Démiurge platonicien, du Créateur de la Bible, ou de Zeus, marquant ainsi clairement à leurs yeux que les Dieux vénérés par leurs contemporains ne sont que des faux dieux, des usurpateurs du vrai Dieu, qui est au-delà.

(4e partie)

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Commentaires
C
Merci de votre visite, qui me fait grand plaisir.<br /> Je suis moi-même encore très absent et ne pourrai vraiment refaire un peu vivre ce lieu que vers la mi-février. Quant à mon intérêt pour la Gnose, il vient d'une recherche mytho-historique sur l'histoire de l'imaginaire, et part de mon intérêt pour le surréalisme. <br /> J'en parle dans les textes dits "Préludes I et II" de cette catégorie.<br /> Et j'y reviendrai encore souvent.
C
je n'avais encore pu revenir sur votre site et ce soir je suis à nouveau étonnée de lire "sur les gnostiques" cela confirme ma première intuition bien<br /> que ne sachant encore quelle sorte d'intérêt vous relie à la pensée gnostique. je ne suis pas revenue <br /> sur vos écrits sur l'art...il me faut le temps.<br /> il y a une certaine émotion à s'approcher du feu .
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